Page:Verhaeren - Poèmes légendaires de Flandre et de Brabant, 1916.djvu/144

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Alors, tel un trousseau de désespoir féroce,

Se tordirent, dans le combat, loups et colosse :
Sur ses jambes, ses bras, son dos,
Les animaux montaient : on entendait des os
Craquer et des cris noirs trouer l’espace.
Nel Frankenlap, avec sa masse
Et son couteau, frappait, comme un perdu,
Dans cet amas de haine et de hargne pendu
Autour de sa colère et de sa hargne.
Il amassait la force en lui, comme une épargne,
Et, brusquement, la dépensait, en de tels coups,
Qu’à chaque effort, il assommait un loup.
Parfois, pour s’exalter ou varier ses crimes,
Ses doigts géants se refermaient sur sa victime
Et, d’un geste d’orgueil, il la lançait en l’air.
Les morsures semblaient à peine ouvrir sa chair ;
On l’aurait cru bâti, pour déplacer les arches
D’un pont sonore, où grouillerait la Flandre en marche
Et contenir les cris, les rafales, les bonds

Du Nord entier, dans les poches de ses poumons.


Il décida du sort du combat rouge.
Avec un tel emportement,