Page:Verhaeren - Poèmes légendaires de Flandre et de Brabant, 1916.djvu/172

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Miserere !

Les gars et les bouviers carrés
Avec les gouges rondes et rouges.
Son archet clair mordait les cordes,
Comme les dents des amants mordent ;
Son violon, où s’acharnaient ses doigts,
Était pour lui
Celle dont son cœur avait fait choix, la nuit,
Parmi les hordes
Des couples gras et macérés
Dans la sueur de leur bonheur ;

Miserere !


Il enlevait du sol la danse,

Par blocs entiers de danseurs lourds,
Il la berçait de son amour,
Il la roulait dans sa démence,
Il haletait, ainsi qu’un chien lié,
Ainsi qu’un chien jappant, au centre
Du branle ardent et orageux des ventres ;
Il remuait des reins, il tapageait des pieds :
C’était un maître, — et les villages

Au temps d’été où les fêtes font rage