Page:Verhaeren - Poèmes légendaires de Flandre et de Brabant, 1916.djvu/176

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Sont leur butin et sont leurs gouges ;

Judoca Vet tient au vieux Nol
Comme les racines plongent au sol ;
Ils se bourrent de coups pour se distraire
D’avoir dormi si mornes sous la terre,
Tandis que dans un coin, Lamme, le tors.
Tente Ursula pour qu’elle se donne
À sa luxure âpre et bouffonne,

Avec les trous de tout son corps.


Miserere, sous la neige qui pleure,

Fouette ainsi, pendant des heures,
Sa propre rage en la rage de tous.
Sa peine et son chagrin se sont dissous
À voir ces ruts et ces gaîtés posthumes
Que sa tristesse exhume,
Rire du désespoir et se moquer du sort.
Les flocons blancs tombent si fort,
Que leur danse, dans les ténèbres,
Se mêle immensément à la danse des morts,
Et multiplie à l’infini

Le branle fou des kermesses funèbres.