Page:Verhaeren - Poèmes légendaires de Flandre et de Brabant, 1916.djvu/205

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Que le courant sauvage

Roule jusqu’aux chantiers,
Battre, là-bas, les madriers

D’un colossal échafaudage.


Femmes, filles, vieillards, enfants,

Tremblent au fond de leurs mansardes ;
Le ciel ne se voit plus, rien n’y luisarde :
Si large et si touffue est la vigne du vent,
Avec ses grappes d’ouragan
Qui se gonflent de pluie et soudain crèvent.
Les ténèbres semblent nourrir de sève
Et de sang noir, comme la poix,
La meute énorme de molosses,
Dont la rage et les abois
Peuplent la nuit féroce.
Tout le pays se convulse ; la ville croit
Son heure suprême venue ;
Et ceux que les calendriers
Hallucinent vers l’inconnu
Songent que, l’an dernier,
Un astrologue, à Trébizonde,

Pour ce temps-ci, prédit