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Une troupe en or de gnomides.

Le silence souffrait, ployait et se cassait.
Quant au gnome, vautré au centre
D’un tourbillon de mains, de bras, de seins, de ventres,
Son cœur régulateur des jours

Battait et sursautait, comme un tambour.


Et l’horloger comprit. Mais il doubla sa joie

À ne la dépenser que pour lui-même :
D’abord, il fit de son secret sa proie ;

Plus tard, il en ferait son stratagème.


Le soir venu, il endormit

Le beau lutin dans son horloge en buis,
Avec un pavot frêle ;
Puis doucement, au son d’une flûte très douce,
Il enchanta si fort, sur la pelouse,
Les gnomides énigmatiques,
Qu’il amena, sans cri et sans querelle,

Leur ronde entière en sa boutique.


Et vite, il leur servit des grains d’anis
Et des corinthes.