Page:Verhaeren - Poèmes légendaires de Flandre et de Brabant, 1916.djvu/25

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Avaient aidé le Saint à bâtir sa pensée,

En ce coin d’eau nombreuse et de terre boisée
D’où Gand ferait, un jour, jaillir son beffroi d’or.
Pécheurs, fermiers, colons, s’étaient mis à l’ouvrage,
Quittant les uns leur barque et les autres leur clos,
Et des femmes avaient monté, la pierre au dos,
Des échelles menant vers les plus hauts étages,
Si bien, qu’à voir le cloître immense et crénelé,
Chacun y désignait en passant par les routes,
Soit aux creux du portail, soit à la clé des voûtes,

La brique ou le moellon qu’il y avait scellé.


Et maintenant les grands moines vêtus de laine

Pouvaient passer les mers et traverser les plaines
Qui d’Irlande, de France ou des Pays saxons,
La Flandre leur offrait à tous une maison,
Ruche pour les esprits, grange pour les javelles
Et cellier pour les fruits des croyances nouvelles,
Colombier clair, d’où l’extase s’élancerait
Vers l’infini, à coups d’aile vibrante et forte,
Tandis que le travail des bras dessécherait
Le sol pourri de boue et de racines mortes.

Et l’apôtre aquitain que Clotaire, le roi.