Page:Vermorel - Le Parti socialiste.djvu/60

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Mais aussi, si la parole publique est laissée seulement à ceux qui représentent certaines erreurs, certains préjugés hostiles au mouvement de la civilisation et à l’affranchissement des esprits, si la contradiction ne peut pas se produire, si la discussion ne peut pas s’engager librement, alors la parole devient le plus funeste instrument du despotisme, parce qu’elle prend une autorité d’autant plus grande sur la masse que ceux qui ont ainsi le monopole de l’éloquence paraissent, doués d’une supériorité plus extraordinaire.

C’est ce que l’Église a très-bien compris, et la prédication a puissamment contribué à entretenir son prestige sur les masses fanatiques qu’elle a façonnées à la soumission, à l’obéissance et à l’abnégation, étouffant ainsi au fond du cœur des hommes jusqu’au sentiment naturel de leur indépendance, et leur présentant leur abaissement intellectuel et social comme une vertu, comme un titre de mérite et d’honneur.

C’est seulement la libre parole qui pourra réparer le mal fait à la civilisation et à la révolution par dix-huit siècles de prédication catholique.


Il faut faire une bonne fois justice de cette prétention monstrueuse émise par les gouvernements d’interdire la discussion publique, ou de limiter le