Page:Verne - Cinq Semaines en ballon.djvu/251

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sieurs fois les paupières, plongea dans la nuit quelques-uns de ces regards qui ne voient pas, et enfin, succombant à la fatigue, il s’endormit.

Combien de temps fut-il plongé dans cet état d’inertie ? Il ne put s’en rendre compte à son réveil, qui fut brusquement provoqué par un pétillement inattendu.

Il se frotta les yeux, il se leva. Une chaleur intense se projetait sur sa figure. La forêt était en flammes.



« Au feu ! au feu ! » s’écria-t-il, sans trop comprendre l’événement.

Ses deux compagnons se relevèrent.

« Qu’est-ce donc ? demanda Samuel.

— L’incendie ! fit Joe… Mais qui peut… »

En ce moment des hurlements éclatèrent sous le feuillage violemment illuminé.

« Ah ! les sauvages ! s’écria Joe. Ils ont mis le feu à la forêt pour nous incendier plus sûrement !

— Les Talibas ! les marabouts d’Al-Hadji, sans doute ! » dit le docteur.

Un cercle de feu entourait le Victoria ; les craquements du bois mort se mêlaient aux gémissements des branches vertes ; les lianes, les feuilles, toute la partie vivante de cette végétation se tordait dans l’élément destructeur ; le regard ne saisissait qu’un océan de flammes ; les grands arbres