Page:Verne - Claudius Bombarnac.djvu/56

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réveillé par un bruit singulier. D’où provient ce bruit ?… J’écoute plus attentivement… On dirait un ronflement qui se fait près de mon oreille.

« C’est quelque passager de l’avant, pensai-je. Il se sera introduit sous le prélart entre les caisses, et il ne doit pas être mal dans cette cabine improvisée. »

À la lueur qui filtre par la partie inférieure de la lampe d’habitacle, je ne vois rien.

J’écoute de nouveau… Le bruit a cessé.

Je regarde… Personne sur cette partie du pont, car les passagers de seconde classe sont étendus à l’avant.

Allons, j’aurai rêvé, sans doute, et je reprends ma position de dormeur…

Cette fois, pas d’erreur possible ! Le ronflement a recommencé, et je m’assure qu’il vient de cette caisse, contre laquelle ma tête est appuyée.

« Pardieu, me dis-je, il y a un animal là-dedans ! »

Un animal ?… Lequel ?… Un chien ?… Un chat ?… Non ! Pourquoi aurait-on caché un quadrupède domestique dans cette caisse ?… Un fauve alors… une panthère, un tigre, un lion…

Me voilà lancé sur cette piste… Des fauves que l’on expédie à une ménagerie ou à quelque sultan de l’Asie centrale… Cette caisse est une cage, et si la cage s’ouvrait… si le fauve se précipitait sur le pont… quel incident de voyage… quelle matière à chronique !… Et voyez jusqu’où peut aller la surexcitation cérébrale d’un reporter en quête de reportage ; il faut à tout prix que je sache à qui on envoie ce fauve, s’il est à destination d’Ouzoun-Ada ou s’il va jusqu’en Chine… L’adresse doit être sur la caisse.

Je prends une allumette-bougie, je la frotte, et, comme je suis placé sous le vent, la flamme se tient droite…

À sa clarté, que vois-je ?…

La caisse renfermant le fauve est précisément celle qui porte l’adresse : Mlle Zinca Klork, avenue Cha-Coua, Pékin, Chine