de cent huit pouces de diamètre et de douze pouces[1] d’épaisseur pèserait, s’il était en fonte de fer, soixante-sept mille quatre cent quarante livres ; en fonte d’aluminium, son poids sera réduit à dix-neuf mille deux cent cinquante livres.
— Parfait ! s’écria Maston, voilà qui rentre dans notre programme.
— Parfait ! parfait ! répliqua le major, mais ne savez-vous pas qu’à dix-huit dollars la livre, ce projectile coûtera…
— Cent soixante-treize mille deux cent cinquante dollars ( — 928, 437 fr. 50 c.), je le sais parfaitement ; mais ne craignez rien, mes amis, l’argent ne fera pas défaut à notre entreprise, je vous en réponds.
— Il pleuvra dans nos caisses, répliqua J.-T. Maston.
— Eh bien ! que pensez-vous de l’aluminium ? demanda le président.
— Adopté, répondirent les trois membres du Comité.
— Quant à la forme du boulet, reprit Barbicane, elle importe peu, puisque, l’atmosphère une fois dépassée, le projectile se trouvera dans le vide ; je propose donc le boulet rond, qui tournera sur lui-même, si cela lui plaît, et se comportera à sa fantaisie. »
Ainsi se termina la première séance du Comité ; la question du projectile était définitivement résolue, et J.-T. Maston se réjouit fort de la pensée d’envoyer un boulet d’aluminium aux Sélénites, « ce qui leur donnerait une crâne idée des habitants de la Terre » !
CHAPITRE VIII
HISTOIRE DU CANON.
Les résolutions prises dans cette séance produisirent un grand effet au-dehors. Quelques gens timorés s’effrayaient un peu à l’idée d’un boulet, pesant vingt mille livres, lancé à travers l’espace. On se demandait quel canon pourrait jamais transmettre une vitesse initiale suffisante à une pareille masse. Le procès verbal de la seconde séance du Comité devait répondre victorieusement à ces questions.
Le lendemain soir, les quatre membres du Gun-Club s’attablaient devant de nouvelles montagnes de sandwiches et au bord d’un véritable
- ↑ Trente centimètres ; le pouce américain vaut 25 millimètres.