Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/110

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montés, de vingt-deux en vingt-deux milles, et dans lesquels deux cent mille chevaux sont toujours prêts à transporter les messagers de l’empereur. De plus, entre les relais, tous les trois milles, il existe un hameau composé d’une quarantaine de maisons où demeurent les courriers qui portent à pied les messages du grand khan ; ces hommes, sanglés du ventre, la tête comprimée sous une bandelette, ont une ceinture garnie de sonnettes qui se font entendre au loin ; ils partent au galop, enlèvent rapidement leurs trois milles, remettent le message au courrier qui les attend, et, de cette manière, l’empereur a des nouvelles de lieux situés à dix journées de distance en un jour et une nuit. D’ailleurs, ce mode de communication coûte peu à Kublaï-Khan, car il se contente, pour toute rétribution, d’exempter d’impôt ses courriers, et, quant aux chevaux des relais, ils sont fournis gratuitement par les habitants des provinces.

Mais si le roi tartare use ainsi de sa toute-puissance, s’il fait peser d’aussi lourdes charges sur ses sujets, il s’inquiète activement de leurs besoins et il leur vient souvent en aide. Ainsi, quand la grêle a perdu leurs récoltes, non-seulement il n’exige pas d’eux le tribut accoutumé, mais il leur expédie du blé de sa propre réserve. De même, si une mortalité accidentelle a frappé les bestiaux d’une province, il les remplace à ses propres frais. Il a soin, dans les bonnes années, d’engranger une quantité considérable de froment, d’orge, de mil, de riz et autres productions, de manière à main-