Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/150

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’empereur et les avantages attachés à sa qualité d’ambassadeur ; puis, il s’embarqua pour les îles Maldives, alors gouvernées par une femme, et qui faisaient un grand commerce de fils de coco. Là encore le théologien arabe fut investi de la dignité de juge ; il épousa trois femmes, encourut la colère du vizir, jaloux de sa réputation, et dut bientôt s’enfuir. Son espoir était de gagner la côte de Coromandel ; mais les vents poussèrent son navire vers l’île de Ceylan. Ibn Batuta fut reçu avec de grands égards, et il obtint du roi la permission de gravir la montagne sacrée de Serendid ou pic d’Adam. Son but était de voir l’empreinte miraculeuse située au sommet du mont, que les Hindous nomment « Pied de Bouddha, » et les Mahométans « Pied d’Adam. » Il prétend, dans sa relation, que cette empreinte mesure onze palmes en longueur, estimation très-inférieure à celle d’un historien du neuvième siècle, qui ne lui donne pas moins de soixante-dix-neuf coudées. Cet historien ajoute même que pendant que l’un des pieds de notre premier père reposait sur la montagne, l’autre trempait dans l’océan Indien. Ibn Batuta parle aussi de grands singes barbus, formant une partie importante de la population de l’île, qui serait soumise à un gouvernement monarchique, représenté par un roi cynocéphale, couronné de feuilles d’arbres. On sait ce qu’il faut penser de toutes ces fables propagées par la crédulité des Hindous.

De Ceylan, le voyageur passa sur la côte de Coromandel, non sans avoir éprouvé de violentes tempêtes. De