Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/177

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Le baron de Béthencourt, après avoir conquis l’île de Fer et l’île de Palme, revint à Fortaventure avec ses navires. Cette île, de dix-sept lieues de long sur huit de large, est formée de plaines et de montagnes. Cependant, son sol est moins accidenté que celui des autres îles de l’archipel. De grands courants d’eau douce coulent sous de magnifiques bocages ; les euphorbes, au suc laiteux et âcre, y fournissent un poison violent. En outre, dattiers, oliviers et mastiquiers y abondent, ainsi qu’une certaine plante tinctoriale, dont la culture ne pouvait manquer d’être extraordinairement fructueuse. La côte de Fortaventure n’offre pas de bons refuges pour les gros navires, mais les petits peuvent s’y mettre en sûreté.

Ce fut dans cette île que le baron de Béthencourt commença à faire un partage à ses colons, et il l’opéra avec tant de justice, que chacun fut content de son lot. Ceux qu’il avait amenés lui-même, ses propres compagnons, devaient être exempts de redevance pendant neuf ans.

La question de religion et d’administration religieuse ne pouvait être indifférente à un homme aussi pieux que le baron de Béthencourt. Il prit donc la résolution de se rendre à Rome, afin d’obtenir pour ce pays un prélat évêque, qui « ordonnera et magnifiera la foi catholique. » Mais, avant de partir, il nomma son neveu, Maciot de Béthencourt, lieutenant et gouverneur de toutes les îles de l’archipel. Sous ses ordres devaient fonctionner deux sergents qui auraient le gou-