Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/188

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bien de périls lui et tous ses gens avaient courus, de quelle région lointaine il leur avait fallu venir, uniquement pour y planter cette borne, puisque Dieu ne leur avait pas accordé le principal. »

Enfin ils découvrirent ce grand cap, « caché pendant tant de centaines d’années, et que le navigateur, avec ses compagnons, nomma le Cap des Tourmentes (o Cabo Tormentoso), en souvenir des périls et des tempêtes qu’il leur avait fallu essuyer avant de le doubler. »

Avec cette intuition qui est l’apanage des hommes de génie, Jean II substitua à ce nom de cap des Tourmentes celui de cap de Bonne-Espérance. Pour lui, la route des Indes était dès lors ouverte, et ses vastes projets pour l’extension du commerce et de l’influence de sa patrie allaient pouvoir se réaliser.

Le 24 août 1488, Dias rentrait à Angra das Voltas. Des neuf hommes qu’il y avait laissés, six étaient morts ; un septième périt de joie en revoyant ses compatriotes. Le retour s’effectua sans incidents dignes de remarque. Après une relâche à la côte de Bénin, où l’on fit la traite, et à La Mina, où l’on reçut du gouverneur l’argent provenant du commerce de la colonie, l’expédition ralliait le Portugal dans le courant de décembre 1488.

Chose étonnante ! Dias non-seulement n’obtint aucune récompense pour ce hardi voyage couronné de succès, mais il paraît avoir été disgracié, car on ne le voit pas employé pendant une dizaine d’années. Bien plus, le commandement de l’expédition chargée de doubler le cap qu’il avait découvert fut donné à Vasco da Gama, et