Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/19

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Suivant le journal d’Hannon, cette île serait placée, par rapport aux Colonnes d’Hercule, à une distance égale à celle qui sépare ces Colonnes de Carthage. Quelle est cette île ? Sans doute un îlot appartenant au groupe des Fortunées.

La navigation fut reprise, et Hannon arriva à l’embouchure du fleuve Chrétès, qui formait une sorte de baie intérieure. Les Carthaginois remontèrent ce fleuve et furent accueillis à coups de pierres par les naturels de race nègre. Les crocodiles et les hippopotames étaient nombreux dans ces parages.

La flotte, après cette exploration, revint à Cerne, et, douze jours plus tard, elle arrivait en vue d’une région montagneuse, où abondaient les arbres odoriférants et les plantes balsamiques. Elle pénétra alors dans un vaste golfe terminé par une plaine. Cette région, calme pendant le jour, était éclairée pendant la nuit par des torrents de flammes, qui provenaient soit des feux allumés par les sauvages, soit de l’incinération fortuite des herbes sèches, après la saison des pluies.

Cinq jours plus tard, Hannon doublait le cap nommé la Corne du Soir. Là encore, suivant ses propres expressions, « il entendit le son des fifres, le bruit des cymbales, des tambourins, et les clameurs d’un peuple innombrable. » Les devins qui accompagnaient l’expédition carthaginoise conseillèrent de fuir cette terre effrayante. Ils furent obéis, et la flotte reprit sa course vers de plus basses latitudes.

Elle arriva à un cap qui formait un golfe nommé