Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/201

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Par convention solennelle, l’office de grand amiral fut attribué à Christophe Colomb dans toutes les terres qu’il pourrait découvrir. Cette dignité devait passer à ses héritiers et successeurs à perpétuité. Christophe Colomb était nommé vice-roi et gouverneur des possessions nouvelles qu’il espérait conquérir dans cette riche contrée de l’Asie. Un dixième des perles, pierres précieuses, or, argent, épices, et toutes denrées et marchandises quelconques, obtenus de quelque manière que ce peut être dans les limites de sa juridiction, devait lui appartenir en propre.

Tout était conclu, et Christophe Colomb allait mettre enfin ses projets à exécution. Mais, répétons-le, il ne pensait pas à rencontrer ce nouveau monde dont il ne soupçonnait en aucune façon l’existence. Il ne voulait que « chercher l’orient par l’occident, et passer par la voie de l’ouest à la terre où naissent les épiceries. » On peut même certifier que Colomb est mort dans cette croyance qu’il avait atteint les rivages de l’Asie et sans avoir jamais su qu’il eut découvert l’Amérique. Mais ceci ne diminue aucunement sa gloire. La rencontre du nouveau continent ne fut qu’un hasard. Ce qui assure à Colomb une immortelle renommée, c’est ce génie audacieux qui le poussa à braver les dangers d’un océan nouveau, à s’éloigner de ces rivages dont les navigateurs n’avaient osé s’écarter jusqu’alors, à s’aventurer sur ces flots avec les fragiles bâtiments de cette époque, que la première tempête pouvait engloutir, à se lancer, enfin, dans le sombre inconnu des mers.