Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/218

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y plantèrent des croix en signe de prise de possession.

Les indigènes parlaient souvent à l’Amiral d’une certaine île Babèque, où l’or était abondant. L’Amiral résolut de s’y rendre. Mais Martin-Alonzo Pinzon, le capitaine de la Pinta, dont la caravelle était la meilleure marcheuse de la flottille, prit les devants, et le 21 novembre, au lever du jour, il avait complétement disparu.

L’Amiral fut très contrarié de cette séparation, et on en trouve la preuve dans son récit, quand il dit : « Pinzon m’a dit et fait bien d’autres choses. » Il continua sa route en explorant la côte de Cuba, et découvrit la baie de Moa, la pointe du Mangle, la pointe Vaez, le port Baracoa ; mais nulle part il ne rencontra de cannibales, bien que les huttes des naturels fussent souvent ornées de crânes humains, ce dont se montrèrent très-satisfaits les indigènes embarqués à son bord.

Les jours suivants, on vit le fleuve Boma, et les caravelles, doublant la pointe de los Azules, se trouvèrent sur la partie orientale de l’île, dont elles venaient de reconnaître la côte pendant cent vingt-cinq lieues. Mais Colomb, au lieu de reprendre sa route au sud, s’écarta dans l’est, et, le 5 décembre, il eut connaissance d’une grande île que les Indiens appelaient Bohio. C’était Haïti ou Saint-Domingue.

Le soir, la Nina, sur l’ordre de l’Amiral, donna dans un port qui fut nommé Port-Marie. C’est actuellement le port Saint-Nicolas, situé près du cap de ce nom, à l’extrémité nord-ouest de l’île.

Le lendemain, les Espagnols reconnurent un très--