Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/221

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’Amiral. Celui-ci lui présenta des pièces de monnaie sur lesquelles étaient gravés les portraits de Ferdinand et d’Isabelle, et, après lui avoir exprimé par signes qu’il s’agissait des plus puissants princes de la terre, il fit déployer en présence du roi indigène les bannières royales de la Castille. La nuit venue, le cacique se retira fort satisfait, et des salves d’artillerie saluèrent son départ.

Le jour suivant, les hommes de l’équipage plantèrent une grande croix au milieu de la bourgade, et quittèrent cette côte hospitalière. En sortant du golfe formé par l’île de la Tortue et l’île Espagnole, on découvrit plusieurs ports, caps, baies et rivières, à la pointe Limbé, une petite île qui fut nommée Saint-Thomas, enfin un très-vaste port, sûr et abrité, caché entre l’île et la baie d’Acul, et auquel donnait accès un canal entouré de hautes montagnes couvertes d’arbres.

L’Amiral débarquait souvent sur la côte. Les naturels l’accueillaient comme un envoyé du ciel et l’invitaient à demeurer parmi eux. Colomb leur prodiguait les grelots, les bagues de laiton, les grains de verre et autres bimbeloteries qu’ils prisaient fort. Un cacique nommé Guacanagari, souverain de la province du Marien, envoya à Colomb une ceinture ornée d’une figure d’animal à grandes oreilles, dont la langue et le nez étaient faits d’or battu. L’or paraissait être abondant dans l’île, et les naturels en apportèrent bientôt une certaine quantité. Les habitants de cette partie de l’île Espagnole semblaient supérieurs par l’intelligence et la beauté.