Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/226

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donnaient de graves ennuis, et, dans le récit de son voyage, cet homme, supérieur à toutes les faiblesses humaines et que le sort ne pouvait abattre, s’en plaint amèrement. Le 16 janvier, le voyage du retour commença véritablement, et le cap Samana, pointe extrême de l’île Espagnole, disparut à l’horizon.

La traversée fut rapide, et aucun incident ne se produisit jusqu’au 12 février. À cette date, les deux caravelles furent assaillies par une tempête terrible qui dura trois jours avec vents furieux, grosses vagues et éclairs du nord-nord-est. Trois fois les marins épouvantés firent vœu de pèlerinage à Sainte-Marie de Guadalupe, à Notre-Dame de Lorette et à Sainte-Claire de Moguer. Enfin tout l’équipage jura d’aller prier, pieds nus et en chemise, dans une église dédiée à Notre-Dame.

Cependant la tempête redoublait. L’Amiral, craignant une catastrophe, écrivit rapidement sur un parchemin le résumé de ses découvertes, avec prière à celui qui le trouverait de le faire parvenir au roi d’Espagne ; puis, enfermant ce document entouré de toile cirée dans un baril de bois, il le fit jeter à la mer.

Au lever du soleil, le 15 février, l’ouragan s’apaisa, les deux caravelles, séparées par la tempête, se rejoignirent, et, trois jours après, elles mouillaient à l’île Sainte-Marie, l’une des Açores. Aussitôt, l’Amiral s’occupa d’accomplir les vœux formés pendant l’orage ; il envoya donc la moitié de ses gens à terre ; mais ceux-ci furent retenus prisonniers par les Portugais, qui ne les rendirent que cinq jours plus tard, sur les réclamations énergiques de Colomb.