Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/242

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vers la Jamaïque. Il en releva toute la côte sud jusqu’à son extrémité orientale. Son intention était d’assaillir les îles des Caraïbes et de détruire cette engeance malfaisante. Mais, à la suite de ses veilles et de ses fatigues, l’Amiral fut atteint d’une maladie qui l’obligea à suspendre ses projets. Il dut revenir à Isabelle, où, sous l’influence du bon air et du repos, il recouvra la santé, grâce aux soins de son frère et de ses familiers.

Du reste, la colonie réclamait impérieusement sa présence. Le gouverneur du fort Saint-Thomas avait soulevé les indigènes par ses cruelles exactions. Don Diègue, le frère de Christophe Colomb, lui avait fait des remontrances qui n’avaient pas été écoutées. Ce gouverneur, pendant l’absence de Colomb, était revenu à Isabelle, et s’était embarqué pour l’Espagne sur l’un des navires qui venaient d’amener à l’île Espagnole don Barthélémy, le second frère de l’Amiral.

Cependant, Colomb, revenu à la santé, ne pouvant laisser contester l’autorité qu’il avait déléguée à ses représentants, résolut de punir le cacique qui s’était révolté contre le gouverneur de Saint-Thomas. Avant tout, il envoya neuf hommes bien armés pour s’emparer d’un cacique redoutable nommé Caonabo. Leur chef, Hojeda, avec une intrépidité dont il donnera plus tard de nouvelles preuves, enleva le cacique au milieu des siens, et il le ramena prisonnier à Isabelle. Colomb fit embarquer cet indigène pour l’Europe ; mais le navire qui le portait fit naufrage, et on n’en entendit plus jamais parler.