Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/288

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les pires ennemis des mahométans, le vice-roi, honteux de s’être laissé tromper, mit tout en œuvre pour s’emparer d’eux et les tuer par trahison. Il fallut pointer l’artillerie sur la ville, et menacer de la réduire en cendres pour obtenir l’eau nécessaire à la continuation du voyage. Le sang coula, et Paul da Gama s’empara de deux barques, dont le riche chargement fut distribué aux matelots.

Gama quitta le 29 mars cette ville inhospitalière et continua son voyage, tout en surveillant de près ses pilotes arabes, qu’il se vit obligé de faire fustiger.

Le 4 avril, on aperçut la côte, et, le 8, on arriva à Mombaça ou Mombaz, ville que les pilotes affirmèrent être habitée par des chrétiens et des musulmans.

La flotte jeta l’ancre devant le port, sans y entrer cependant, malgré la réception enthousiaste qui lui fut faite. Déjà les Portugais comptaient se rencontrer le lendemain à la messe avec les chrétiens de l’île, lorsque, à la nuit, s’approcha du vaisseau amiral une zavra montée par une centaine d’hommes armés, qui prétendaient y entrer tous à la fois, ce qui leur fut refusé.

Instruit de ce qui s’était passé à Mozambique, le roi de Mombaça, feignant de l’ignorer, envoya des présents à Gama, lui proposa d’établir un comptoir dans sa capitale et l’assura qu’il pourrait, aussitôt entré dans le port, prendre charge d’épiceries et d’aromates. Le capitam mõr, sans se douter de rien, envoya aussitôt deux hommes annoncer son entrée pour le lendemain. Déjà on levait l’ancre, lorsque le vaisseau amiral, se refusant