Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/290

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cortège de courtisans magnifiquement vêtus et des chœurs de musiciens qui jouaient de divers instruments. Ce qui l’étonna le plus, ce fut l’exercice du canon, car l’invention de la poudre n’était pas encore connue sur la côte orientale d’Afrique. Un traité solennel fut juré sur l’Évangile et le Coran et cimenté par un échange de présents magnifiques.

Le mauvais vouloir, les embûches, les difficultés de tout genre qui avaient assailli jusque-là l’expédition cessèrent dès lors comme par enchantement, ce qu’il faut attribuer à la franchise, à la générosité du roi de Mélinde, et à l’aide qu’il fournit aux Portugais.

Fidèle à la promesse qu’il en avait faite à Vasco da Gama, le roi lui envoya un pilote guzarate, nommé Malemo Cana, homme instruit dans la navigation, qui savait se servir de cartes, du compas et du quart de cercle, et qui rendit les plus grands services à l’expédition.

Après une escale de neuf jours, la flotte leva l’ancre pour Calicut.

Il fallait maintenant renoncer à cette navigation de caboteurs, toujours en vue des côtes, qui avait été jusqu’alors pratiquée. Le jour était venu de s’abandonner à la grâce de Dieu sur l’immense Océan, sans autre guide qu’un pilote inconnu, fourni par un roi dont le bon accueil n’avait pu endormir la méfiance des Portugais.

Et cependant, grâce à l’habileté et à la loyauté de ce pilote, grâce à la clémence de la mer et du vent, qui se montra constamment favorable, après une navi-