Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/299

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plats et des vents contraires. Pendant cette longue traversée, les équipages furent violemment atteints du scorbut et trente matelots périrent. Sur chaque bâtiment il ne restait plus que sept ou huit hommes en état de manœuvrer, et bien souvent les officiers eux-mêmes furent obligés de leur donner la main « D’où je puis affirmer, dit Velho, que si le temps où nous voguions à travers ces mers s’était prolongé de quinze jours, personne d’ici n’y eût navigué après nous et les capitaines ayant tenu à ce propos conseil, il avait été résolu, dans le cas où vents pareils nous reprendraient, de retourner vers les terres de l’Inde et de nous y réfugier. »

Ce fut le 2 février 1499 que les Portugais se trouvèrent enfin par le travers d’une grande ville de la côte d’Ajan, appelée Magadoxo, et distante de cent lieues de Mélinde.

Mais Gama, redoutant de voir se renouveler l’accueil qu’il avait reçu à Mozambique, ne voulut pas s’y arrêter et fit faire, en passant à la vue de la ville, une décharge générale de toute son artillerie. Peu de jours après, on découvrit les riches et salubres campagnes de Mélinde, où l’on relâcha. Le roi s’empressa aussitôt d’envoyer des vivres frais et des oranges pour les malades. L’accueil fut, en un mot, des plus sympathiques, et les liens d’amitié contractés au premier séjour de Gama furent encore resserrés. Le cheikh de Mélinde envoya pour le roi de Portugal une trompe d’ivoire et quantité d’autres présents ; en même temps, il pria Gama de recevoir à son