Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/316

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de le rendre traître et parjure. » On ne pouvait plus noblement répondre à l’abandon et à la lâcheté de Sodres.

Celui-ci arrivait au détroit de Bab-el-Mandeb, lorsque, dans une épouvantable tempête, il périt avec son frère, dont le navire fut brisé sur des écueils, et les survivants, voyant dans cet événement une punition providentielle de leur conduite, reprirent, à force de voiles, la route de Cochin. Retenus par les vents aux îles Laquedives, ils se virent rejoints par une nouvelle escadre portugaise, sous le commandement de Francisco d’Albuquerque. Celui-ci avait quitté Lisbonne presque en même temps que son cousin Alfonso, le plus grand capitaine de l’époque, qui, sous le titre de capitam mõr, était parti de Belem au commencement d’avril 1503.

L’arrivée de Francisco d’Albuquerque rétablit les affaires des Portugais, si gravement compromises par la faute criminelle de Sodres, et sauva du même coup leur seul et fidèle allié Triumpara. Les assiégeants s’enfuirent, sans même essayer de résistance, à la vue de l’escadre des Portugais, et ceux-ci, appuyés par les troupes du roi de Cochin, ravagèrent la côte de Malabar. À la suite de ces événements, Triumpara permit à ses alliés de construire une seconde forteresse dans ses États et les autorisa à augmenter le nombre et l’importance de leurs comptoirs. C’est à ce moment qu’arriva Alphonse d’Albuquerque, celui qui devait être le véritable créateur de la puissance portugaise aux