Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/72

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mais, à peine guéris, ils achetèrent un chariot, et, malgré le froid, ils reprirent leur route. Arrivés à Kaniew, sur le Dnieper, ils se trouvaient alors dans le premier village de l’empire mongol. De ce point, un chef assez brutal, qu’il fallut adoucir par des présents, les fit conduire au campement des Tartares.

Ces barbares, après les avoir mal reçus d’abord, les dirigèrent vers le duc Corrensa, qui commandait une armée d’avant-garde de soixante mille hommes. Ce général, devant lequel ils durent s’agenouiller, les renvoya sous la conduite de trois Tartares au prince Bathy, qui était le chef le plus puissant après l’empereur.

Des relais étaient préparés sur la route, Le voyage se fit à grandes journées, nuit et jour, et toujours au grand trot. Le franciscain traversa ainsi le pays des Comans, compris entre le Dnieper, le Tanaïs, le Volga et le Jaek, remontant souvent les rivières glacées, et il arriva enfin à la cour du prince Bathy, sur les frontières du pays des Comans.

« Comme on nous menait vers ce prince, dit Carpini, on nous avertit qu’il nous fallait passer entre deux feux, afin que, si, par hasard, nous avions quelque dessein mauvais contre leur maître et seigneur, ou si nous portions quelque venin, le feu pût emporter tout cela, ce que nous accordâmes pour ce sujet-là, et pour ôter tout soupçon de nous. »

Le prince trônait au milieu de sa cour et de ses officiers, dans une magnifique tente de fine toile de lin. Il avait la réputation d’un prince affable aux siens, mais