Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/76

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Le pays lui parut généralement montagneux, mais presque partout sablonneux, avec un peu de terre grasse. Le bois manque presque absolument ; aussi empereurs et princes ne se chauffent-ils qu’en brûlant de la fiente d’animaux. Quoique la contrée soit stérile, les troupeaux s’y élèvent aisément. Le climat est inégal. En été, les orages sont fréquents et la foudre fait de nombreuses victimes. Le vent est si violent qu’il renverse souvent les cavaliers. En hiver, pas de pluie, mais en été seulement, et encore à peine de quoi humecter la poussière. Les grêles sont terribles, et, pendant le séjour de Carpini, ce phénomène se produisit avec une telle intensité, que cent quarante personnes furent submergées, quand les grêlons se fondirent en eau. En somme, pays étendu, mais plus pauvre et plus misérable qu’on ne saurait dire.

Carpini fait aussi des Tartares un portrait très-exact, et qui dénote chez lui de remarquables qualités d’observateur. « Ils ont, dit-il, une grande largeur entre les yeux et les joues, et les joues s’élèvent fort en dehors ; leur nez est plat et petit ; leurs yeux sont aussi petits, et leurs paupières s’élèvent jusqu’à leurs sourcils ; ils sont fort grêles et menus de ceinture, pour la plupart de stature médiocre, avec peu de barbe ; quelques-uns, toutefois, ont quelques poils à la lèvre supérieure et au menton, qu’ils laissent croître sans jamais les couper. Au sommet de la tête, ils ont des couronnes comme nos prêtres, et depuis une oreille jusqu’à l’autre ils se rasent tous à la largeur de trois doigts ; et pour les