Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/79

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pas ces exercices ; elles sont très-adroites et très-audacieuses. En outre, elles fabriquent les fourrures et les habillements, conduisent les chariots et les chameaux, et suffisent d’autant mieux à ces divers travaux qu’elles sont nombreuses dans les familles, et que ces barbares polygames achètent, et très-cher, autant de femmes qu’ils en peuvent nourrir.

Tel est le résumé des observations faites par Carpini pendant le mois qu’il passa à Syra Orda, en attendant l’élection de l’empereur. Bientôt, certains symptômes marquèrent que cette élection était prochaine. En effet, on chantait devant Cuyné quand il sortait de sa tente, on lui faisait la révérence avec de belles baguettes ayant au bout une touffe de laine écarlate. À quatre lieues de Syra Orda, dans une plaine, le long d’un ruisseau, on avait préparé une tente destinée au couronnement, toute tapissée d’écarlate au dedans et appuyée sur des colonnes incrustées de lames d’or. Enfin, à la Saint-Barthélemy, une grande assemblée se réunit, et chacun, priant incessamment, demeura la face tournée vers le midi, prosternation idolâtre à laquelle le franciscain et son compagnon refusèrent de se joindre. Puis, Cuyné fut placé sur le siège impérial, et les ducs et le peuple fléchirent le genou devant lui. Il était sacré.

Aussitôt Carpini et Étienne furent mandés devant le nouvel empereur. On les fouilla d’abord, puis ils entrèrent dans la tente impériale en même temps que d’autres ambassadeurs, porteurs de riches présents. Quant à eux, pauvres envoyés du pape, ils n’avaient plus rien