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où godfrey voit encore une légère fumée

exsudait de cette branche, qui, une fois enflammée, donna une très brillante lumière.

Godfrey rentra alors dans la cavité qui lui servait de demeure. À l’ombre succéda immédiatement la clarté, et il fut facile de reconnaître quelle était la disposition intérieure de Will-Tree.

Une sorte de voûte, irrégulièrement découpée, plafonnait à une quinzaine de pieds au-dessus du sol. En élevant sa torche, Godfrey aperçut très distinctement l’ouverture d’un étroit boyau, dont le développement se perdait dans l’ombre. Évidemment l’arbre était évidé sur toute sa longueur ; mais peut-être restait-il des portions de l’aubier encore intactes. Dans ce cas, en s’aidant de ces saillies, il serait, sinon facile du moins possible, de s’élever jusqu’à la fourche.

Godfrey, qui songeait à l’avenir, résolut de savoir sans plus tarder à quoi s’en tenir à cet égard.

Il avait un double but : d’abord boucher hermétiquement cet orifice par lequel le vent ou la pluie pouvaient s’engouffrer, — ce qui aurait rendu Will-Tree presque inhabitable ; puis, aussi, s’assurer si, devant un danger, attaque d’animaux ou d’indigènes, les branches supérieures du séquoia n’offriraient pas un refuge convenable.

On pouvait essayer, en tout cas. S’il se rencontrait quelque insurmontable obstacle dans l’étroit boyau, eh bien, Godfrey en serait quitte pour redescendre.

Après avoir planté sa torche dans l’interstice de deux grosses racines à fleur de sol, le voilà donc qui commence à s’élever sur les premières saillies intérieures de l’écorce. Il était leste, vigoureux, adroit, habitué à la gymnastique comme tous les jeunes Américains. Ce ne fut qu’un jeu pour lui. Bientôt il eut atteint, dans ce tube inégal, une partie plus étroite par laquelle, en s’arc-boutant du dos et des genoux, il pouvait grimper à la façon d’un ramoneur. Toute sa crainte était qu’un défaut de largeur ne vint l’arrêter dans son ascension.

Cependant il continuait à monter, et, quand il rencontrait une saillie, il s’y reposait, afin de reprendre haleine.

Trois minutes après avoir quitté le sol, si Godfrey n’était pas arrivé à soixante pieds de hauteur, il ne devait pas en être loin, et par conséquent, il n’avait plus qu’une vingtaine de pieds à franchir.

En effet, il sentait déjà un air plus vif lui souffler au visage, il le humait