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l’école des robinsons

Godfrey consacra donc plusieurs jours par semaine à la chasse au gibier de poil ou de plume, qui, sans être très abondant, devait suffire aux besoins de Will-Tree. Quelques perdrix, quelques bartavelles, une certaine quantité de bécassines, vinrent heureusement varier le menu habituel. Deux ou trois antilopes tombèrent aussi sous le plomb du jeune chasseur, et, pour n’avoir point coopéré à leur capture, le professeur ne les accueillit pas moins avec une vive satisfaction, lorsqu’elles se présentèrent sous la forme de cuissots et de côtelettes.

Mais, en même temps qu’il chassait, Godfrey n’oubliait pas de prendre un aperçu plus complet de l’île. Il pénétrait au fond de ces épaisses forêts, qui en occupaient la partie centrale. Il remontait le rio jusqu’à sa source, dont les eaux du versant ouest de la colline alimentaient le cours. Il s’élevait de nouveau au sommet du cône et redescendait par les talus opposés vers le littoral de l’est, qu’il n’avait pas encore visité.

« De toutes ces explorations, se répétait souvent Godfrey, il faut conclure ceci : c’est que l’île Phina ne renferme pas d’animal nuisible, ni fauve, ni serpent, ni saurien ! Je n’en ai pas aperçu un seul ! Certainement, s’il y en avait, mes coups de feu leur auraient donné l’éveil ! C’est une heureuse circonstance ! S’il avait fallu mettre Will-Tree à l’abri de leurs attaques, je ne sais trop comment nous y serions parvenus ! »

Puis, passant à une autre déduction toute naturelle :

« Il faut en conclure aussi, se disait-il, que l’île n’est point habitée. Depuis longtemps déjà, indigènes ou naufragés seraient accourus au bruit des détonations ! Il n’y a donc que cette inexplicable fumée, que, deux fois, j’ai cru apercevoir !… »

Le fait est que Godfrey n’avait jamais trouvé trace d’un feu quelconque. Quant à ces sources chaudes auxquelles il croyait pouvoir attribuer l’origine des vapeurs entrevues, l’île Phina, nullement volcanique, ne paraissait pas en contenir. Il fallait donc qu’il eût été deux fois le jouet de la même illusion.

D’ailleurs cette apparition de fumée ou de vapeurs ne s’était plus reproduite. Lorsque Godfrey fit, une seconde fois, l’ascension du cône central, aussi bien que lorsqu’il remonta dans la haute ramure de Will-Tree, il ne vit rien qui fût de nature à attirer son attention. Il finit donc par oublier cette circonstance.

Plusieurs semaines se passèrent dans ces divers travaux d’aménagement, dans ces excursions de chasse. Chaque jour apportait une amélioration à la vie commune.