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l’école des robinsons

veut entrer en communication avec le navire ? Oui ! il n’y a pas un instant à perdre ! »

L’idée était bonne. Godfrey, courant à l’extrémité de Flag-Point, commença à manœuvrer son pavillon, comme on fait dans un salut ; puis, il le laissa à mi-mât, c’est-à-dire en berne, — ce qui, suivant les usages maritimes, signifie que l’on demande secours et assistance.

Le steamer se rapprocha encore, à moins de trois milles du littoral, mais son pavillon, toujours immobile à la corne d’artimon, ne répondit pas à celui de Flag-Point !

Godfrey sentit son cœur se serrer. Certainement il n’avait pas été vu… Il était six heures et demie, et le crépuscule allait se faire !

Cependant le steamer ne fut bientôt plus qu’à deux milles de la pointe du cap vers lequel il courait rapidement. À ce moment, le soleil disparaissait au-dessous de l’horizon. Avec les premières ombres de la nuit, il faudrait renoncer à tout espoir d’être aperçu.

Godfrey recommença, sans plus de succès, à hisser et à amener successivement son pavillon… On ne lui répondit pas.

Il tira alors plusieurs coups de fusil, bien que la distance fût grande encore et que le vent ne portât pas dans cette direction !… Aucune détonation ne lui arriva du bord.

La nuit, cependant, se faisait peu à peu ; bientôt la coque du steamer ne fut plus visible. Il n’était pas douteux qu’avant une heure il aurait dépassé l’île Phina.

Godfrey, ne sachant que faire, eut alors l’idée d’enflammer un bouquet d’arbres résineux, qui croissait en arrière de Flag-Point. Il alluma un tas de feuilles sèches au moyen d’une amorce, puis il mit le feu au groupe de pins, qui brûla bientôt comme une énorme torche.

Mais les feux de bord ne répondirent point à ce feu de terre, et Godfrey revint tristement à Will-Tree, se sentant plus abandonné, peut-être, qu’il ne l’avait été jusque-là !