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une partie de croquet.

légère comme un tulle paillonné, et son dernier rayon s’absorbait encore dans les brumes du soir.

Miss Campbell retourna donc à l’hôtel, fit peu d’honneur au dîner que ses oncles avaient commandé à son intention, et, après une courte promenade sur la grève, elle rentra dans sa chambre.


X

une partie de croquet.


Les frères Melvill, il faut bien l’avouer, commençaient à compter les jours, s’ils n’en étaient pas encore à compter les heures. Cela ne marchait pas comme ils le voulaient. L’ennui visible de leur nièce, ce besoin d’être seule qui lui prenait, le peu d’accueil qu’elle faisait au savant Ursiclos, et dont celui-ci se préoccupait peut-être moins qu’eux-mêmes, tout cela n’était pas pour rendre agréable ce séjour à Oban. Ils ne savaient qu’imaginer dans le but de rompre cette monotonie. Ils guettaient, inutilement, les moindres variations atmosphériques. Ils se disaient que, son désir satisfait, miss Campbell redeviendrait sans doute plus traitable, — au moins pour eux.

C’est que, depuis deux jours, Helena, plus absorbée encore, oubliait de leur donner ce baiser du matin, qui les mettait en bonne humeur pour le reste de la journée.

Cependant le baromètre, insensible aux récriminations des deux oncles, ne se décidait point à prédire une modification prochaine du temps. Quel que fût leur soin à le frapper dix fois par jour d’un petit coup sec pour déterminer une oscillation de l’aiguille, l’aiguille ne remontait pas d’une ligne. Oh ! ces baromètres !

Toutefois, les frères Melvill eurent une idée. Dans l’après-midi du 11 août, ils s’imaginèrent de proposer à miss Campbell une partie de croquet, afin de la distraire, s’il était possible, et, bien qu’Aristobulus Ursiclos dût en être, Helena ne refusa pas, tant elle savait leur faire plaisir.

Il faut dire que le frère Sam et le frère Sib se piquaient d’être de première