Page:Verne - L’École des Robinsons - Le Rayon vert.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
18
l’école des robinsons

Et, après avoir jeté un regard plein de haine sur son vainqueur, il s’en retourna à Occidental-Hotel.

Cependant, les hurrahs, les « hip » retentissaient par trois fois à l’oreille de William W. Kolderup ; ils l’accompagnèrent jusqu’à Montgomery-Street, et, tel était l’enthousiasme de ces Américains en délire, qu’ils en oublièrent même de chanter le Yankee Doodle.



III

où la conversation de phina hollaney et de godfrey morgan est accompagnée au piano.


William W. Kolderup était rentré dans son hôtel de la rue Montgomery. Cette rue, c’est le Regent-Street, le Broadway, le boulevard des Italiens de San-Francisco. Tout le long de cette grande artère, qui traverse la ville parallèlement à ses quais, est le mouvement, l’entrain, la vie : tramways multiples, voitures attelées de chevaux ou de mules, gens affairés qui se pressent sur les trottoirs de pierre, devant les magasins richement achalandés, amateurs plus nombreux encore aux portes des « bars », où se débitent des boissons on ne peut plus californiennes.

Inutile de décrire l’hôtel du nabab de Frisco. Ayant trop de millions, il avait trop de luxe. Plus de confort que de goût. Moins de sens artistique que de sens pratique. On ne saurait tout avoir.

Que le lecteur se contente de savoir qu’il y avait un magnifique salon de réception, et, dans ce salon, un piano, dont les accords se propageaient à travers la chaude atmosphère de l’hôtel, au moment où y rentrait l’opulent Kolderup.

« Bon ! se dit-il, elle et lui sont là ! Un mot à mon caissier, puis nous causerons tout à l’heure ! »

Et il se dirigea vers son cabinet, afin d’en finir avec cette petite affaire de l’île Spencer et n’y plus penser. En finir, c’était tout simplement réaliser quelques valeurs de portefeuille afin de payer l’acquisition. Quatre lignes à son