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sorte de daltonisme, et les professeurs d’oculistique auraient eu là de quoi publier d’intéressants mémoires dans leurs revues d’ophthalmologie. Cela ne pouvait durer plus longtemps.

Heureusement, Olivier Sinclair eut une idée.

« Miss Campbell, dit-il ce jour-là, et vous, messieurs Melvill, il me semble que, tout bien considéré, nous sommes fort mal à Oban pour observer le phénomène en question.

— Et à qui la faute ? répondit miss Campbell, en regardant bien en face les deux coupables qui baissèrent la tête.

— Ici, pas d’horizon de mer ! reprit le jeune peintre. De là, obligation d’aller en chercher un jusqu’à l’île Seil, au risque de ne point s’y trouver au moment où il y faudrait être !

— C’est évident ! répondit miss Campbell. En vérité, je ne sais pas pourquoi mes oncles ont été choisir précisément cet horrible endroit pour notre expérience !

— Chère Helena ! répondit le frère Sam, ne sachant trop que dire, nous avions pensé…

— Oui… pensé… la même chose… ajouta le frère Sib, pour lui venir en aide.

— Que le soleil ne dédaignait pas de se coucher chaque soir sur l’horizon d’Oban…

— Puisque Oban est situé au bord de la mer !

— Et vous aviez mal pensé, mes oncles, répondit miss Campbell, très mal pensé, puisqu’il ne s’y couche pas !

— En effet, reprit le frère Sam. Il y a ces malencontreuses îles, qui nous cachent la vue du large !

— Vous n’avez pas, sans doute, la prétention de les faire sauter ?… demanda miss Campbell.

— Ce serait déjà fait, si c’était possible, répondit le frère Sib d’un ton décidé.

— Nous ne pouvons pourtant pas aller camper sur l’ile Seil ! fit observer le frère Sam.

— Et pourquoi pas ?

— Chère Helena, si tu le veux absolument…

— Absolument.

— Partons donc ! » répondirent le frère Sib et le frère Sam d’un ton résigné.