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Et ces deux êtres, si soumis, se déclarèrent prêts à quitter immédiatement Oban.

Olivier Sinclair intervint.

« Miss Campbell, dit-il, pour peu que vous le vouliez bien, je pense qu’il y aurait mieux à faire que d’aller s’installer sur l’île Seil.

— Parlez, monsieur Sinclair, et si votre avis est meilleur, mes oncles ne se refuseront pas à le suivre ! »

Les frères Melvill s’inclinèrent par un mouvement d’automates tellement identique, que jamais peut-être ils ne s’étaient plus ressemblés.

« L’île Seil, reprit Olivier Sinclair, n’est vraiment pas faite pour que l’on puisse y demeurer, ne fût-ce que quelques jours. Si vous avez à exercer votre patience, miss Campbell, il ne faut point que ce soit au détriment de votre bien-être. J’ai observé d’ailleurs qu’à Seil la vue de la mer est assez bornée par la configuration des côtes. Si, par malheur, il nous fallait attendre plus longtemps que nous ne le pensons, si notre séjour devait s’y prolonger pendant quelques semaines, il pourrait arriver que le soleil, qui rétrograde maintenant vers l’ouest, finit par se coucher derrière l’île Colonsay, ou l’île Oronsay, ou même la grande Islay, et notre observation manquerait encore, faute d’un horizon suffisant.

— En vérité, répondit miss Campbell, ce serait là le dernier coup de la mauvaise fortune…

— Que nous pouvons peut-être éviter en cherchant une station située plus en dehors de cet archipel des Hébrides, et devant laquelle s’ouvre tout l’infini de l’Atlantique.

— En connaîtriez-vous une, monsieur Sinclair ? » demanda vivement miss Campbell.

Les frères Melvill étaient attachés aux lèvres du jeune homme. Qu’allait-il répondre ? Où diable la fantaisie de leur nièce allait-elle finalement les entraîner ? Sur quelle limite extrême des continents de l’ancien monde devraient-ils se fixer pour satisfaire à son désir ?

La réponse d’Olivier Sinclair eut pour effet de les rassurer tout d’abord.

« Miss Campbell, dit-il, non loin d’ici, il y a une station, qui me paraît présenter toutes les conditions favorables. Elle est située derrière ces hauteurs de Mull, qui ferment l’horizon dans l’ouest d’Oban. C’est l’une des petites Hébrides les plus avancées à la lisière de l’Atlantique, c’est la charmante île d’Iona.