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l’école des robinsons

— Soit, le plus tôt possible ! »

Sur ces derniers mots, Phina s’était interrompue brusquement. Le petit doigt de sa main gauche venait de toucher un « sol » dièze… et le quatrième ne l’avait pas résolu sur la tonique du ton. Elle était restée sur la « sensible », comme le Raoul des Huguenots, lorsqu’il s’enfuit à la fin de son duo avec Valentine.

Peut-être miss Phina avait-elle le cœur un peu gros, mais son parti était bien pris de ne rien dire.

Ce fut alors que William W. Kolderup, sans regarder Godfrey, s’approcha du piano :

« Phina, dit-il gravement, il ne faut jamais rester sur la « sensible ! »

Et, de son gros doigt qui s’abattit verticalement sur une des touches, il fit résonner un « la » naturel.



IV

dans lequel t. artelett, dit tartelett, est correctement présenté au lecteur.


Si T. Artelett eût été Français, ses compatriotes n’auraient pas manqué de le nommer plaisamment Tartelett. Mais, comme ce nom lui convient, nous n’hésiterons pas à le désigner ainsi. D’ailleurs, si Tartelett n’était pas Français, il était digne de l’être.

Dans son Itinéraire de Paris à Jérusalem, Chateaubriand parle d’un petit homme « poudré et frisé comme autrefois, habit vert pomme, veste de droguet, jabot et manchettes de mousseline, qui raclait un violon de poche, et faisait danser Madelon Friquet aux Iroquois. »

Les Californiens ne sont pas des Iroquois, il s’en faut, mais Tartelett n’en était pas moins professeur de danse et de maintien dans la capitale de la Californie. Si on ne lui soldait pas ses leçons, comme à son prédécesseur, en peaux de castor et en jambons d’ours, on les lui payait en dollars. Si, en parlant de ses élèves, il ne disait pas : « ces messieurs sauvages et ces dames