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conclusion.

Sinclair, le frère Sam et le frère Sib ne s’en montraient pas moins satisfaits que leur nièce.

Que cette union, contractée dans de telles circonstances, renfermât toutes les conditions du bonheur, il est inutile d’y insister. Le cottage d’Helensburgh, l’hôtel de West-George Street à Glasgow, le monde entier, eussent été à peine suffisants pour contenir tout ce bonheur, qui avait, cependant, tenu dans la grotte de Fingal.

Mais, de cette dernière soirée passée sur le plateau de Staffa, Olivier Sinclair, bien qu’il n’eût pas vu le phénomène tant cherché, eut à cœur de fixer le souvenir d’une façon plus durable. Aussi, un jour, exposa-t-il un « coucher du soleil », d’un effet tout particulier, dans lequel on admira beaucoup une sorte de rayon vert, d’une extrême intensité, comme s’il eût été peint avec de l’émeraude liquide.

Ce tableau souleva à la fois l’admiration et la discussion, les uns prétendant que c’était là un effet naturel merveilleusement reproduit, les autres soutenant que c’était purement fantastique, et que la nature ne produisait jamais cet effet-là.

D’où grande colère des deux oncles, qui l’avaient vu, ce rayon, et donnaient raison au jeune peintre.

« Et même, dit le frère Sam, mieux vaut regarder le Rayon-Vert en peinture…

— Qu’en nature, répondit le frère Sib, car d’observer, l’un après l’autre, tant de soleils couchants, cela fait bien mal aux yeux. »

Et ils avaient raison, les frères Melvill.

Deux mois après, les deux époux et leurs oncles se promenaient sur le bord de la Clyde, devant le parc du cottage, lorsqu’ils firent inopinément la rencontre d’Aristobulus Ursiclos.

Le jeune savant, qui suivait avec intérêt les travaux de dragage du fleuve, se dirigeait vers la gare d’Helensburgh, lorsqu’il aperçut ses anciens compagnons d’Oban.

Dire qu’Aristobulus Ursiclos avait souffert de l’abandon de miss Campbell, ce serait le méconnaître. Il n’éprouva donc aucun embarras à se trouver en présence de mistress Sinclair.

On se salua de part et d’autre. Aristobulus Ursiclos complimenta poliment les nouveaux époux.

Les frères Melvill, voyant ces bonnes dispositions, ne purent cacher combien, cette union les rendait heureux.