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dix heures en chasse.

coups ! — Puis, quels gestes ! La main qui prend un mouvement de godille pour imiter les zigzags du gibier, les jambes qui se replient, le dos qui s’arrondit pour mieux assurer le coup, le bras gauche qui se tend pendant que le bras droit revient à la poitrine pour indiquer l’épaulement de l’arme ! En tombait-il de ces bêtes de poil et de plume ! Que de lièvres tirés au déboulé ! Il n’en manquait pas un ! — Je faillis même être tué dans mon coin par un de ces gestes.

Mais ce qu’il fallait entendre, c’était Matifat causant avec son ami Pontcloué,

les deux doigts de la main, — ce qui ne les empêchait pas de s’accabler de procès, pour peu que l’un mît le pied sur les réserves de l’autre.

« Ce que j’ai tué de lièvres l’an passé, disait Matifat, pendant que la cahoteuse voiture roulait vers Hérissart, oui, ce que j’ai tué ne saurait se chiffrer !

— Tiens ! c’est comme moi ! pensais-je.

— Et moi, Matifat ! répondait Pontcloué. Te rappelles-tu, la dernière fois que nous sommes allés chasser sur Argœuves ? Hein ! ces perdreaux !

— Je vois encore le premier qui a eu la chance de passer à travers ma charge de plomb !

— Et moi le second, dont les plumes ont si bien volé, qu’il ne devait plus lui rester que la peau sur les os !

— Et celui que mon chien n’a jamais pu retrouver dans le sillon où il était tombé, pour sûr !

— Et celui que j’ai eu l’aplomb de tirer à plus de cent pas, bien certain de l’avoir touché, pourtant !

— Et cet autre que de mes deux coups… pan ! pan ! pan ! j’ai roulé dans la luzerne, mais dont mon chien n’a malheureusement fait qu’une bouchée !

— Et cette compagnie qui s’est levée juste au moment où je rechargeais mon fusil ! brrr ! brrr ! Ah ! quelle chasse, mes amis, quelle chasse ! »