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l’archipel en feu.

arrivée quarante-huit heures auparavant et datée d’Arkadia, venait de lui. Il fut donc immédiatement conduit au bureau où se tenait le banquier, qui prit la précaution d’en refermer la porte à clef. Elizundo et son client étaient maintenant en présence l’un de l’autre. Personne ne viendrait les déranger. Nul n’entendrait ce qui allait être dit dans cet entretien.

« Bonjour, Elizundo, dit le capitaine de la Karysta, en se laissant tomber sur un fauteuil avec le sans-gêne d’un homme qui serait chez lui. Voilà bientôt six mois que je ne vous ai vu, bien que vous ayez eu souvent de mes nouvelles ! Aussi, n’ai-je pas voulu passer si près de Corfou, sans m’y arrêter, afin d’avoir le plaisir de vous serrer la main.

— Ce n’est pas pour me voir, ce n’est pas pour me faire des amitiés que vous êtes venu, Nicolas Starkos, répondit le banquier d’une voix sourde. Que me voulez-vous ?

— Eh ! s’écria le capitaine, je reconnais bien là mon vieil ami Elizundo ! Rien aux sentiments, tout aux affaires ! Il y a longtemps que vous avez dû fourrer votre cœur dans le tiroir le plus secret de votre caisse — un tiroir dont vous avez perdu la clef !

— Voulez-vous me dire ce qui vous amène et pourquoi vous m’avez écrit ? reprit Elizundo.