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l’archipel en feu.

père a été le banquier des pirates ! Non ! Un honnête homme ne peut accepter une fortune acquise d’une façon infâme !

— Mais, reprit Nicolas Starkos, il me semble que nous parlons là de choses absolument étrangères à la question qu’il s’agit de résoudre !

— Cette question est résolue !

— Permettez-moi de vous faire observer que c’était le capitaine Starkos, non le capitaine d’Albaret, qu’Hadjine Elizundo devait épouser ! La mort de son père ne doit pas avoir plus changé ses intentions qu’elle n’a changé les miennes !

— J’obéissais à mon père, répondit Hadjine, je lui obéissais, sans rien savoir des motifs qui l’obligeaient à me sacrifier ! Je sais, à présent, que je sauvais son honneur en lui obéissant !

— Eh bien, si vous savez… répondit Nicolas Starkos.

— Je sais, reprit Hadjine en lui coupant la parole, je sais que c’est vous, son complice, qui l’avez entraîné dans ces affaires odieuses, vous qui avez fait entrer ces millions dans la maison de banque, honorable avant vous ! Je sais que vous avez dû le menacer de révéler publiquement son infamie, s’il refusait de vous donner sa fille ! En vérité ! avez-vous jamais pu croire, Nicolas Starkos, qu’en consentant à vous épouser, je fisse autre chose que d’obéir à mon père ?