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l’archipel en feu.

nouveau royaume. C’eût été, pour elle, comme une compensation du mal que son indigne fils avait fait en ces lieux mêmes, lors des épouvantables massacres de 1822.

À cette époque, le sultan avait lancé contre Scio cet arrêt terrible : feu, fer, esclavage. Le capitan-pacha, Kara-Ali, fut chargé de l’exécuter. Il l’accomplit. Ses hordes sanguinaires prirent pied dans l’île. Hommes au-dessus de douze ans, femmes au-dessus de quarante, furent impitoyablement massacrés. Le reste, réduit en esclavage, devait être emporté sur les marchés de Smyrne et de la Barbarie. L’île entière fut ainsi mise à feu et à sang par la main de trente mille Turcs.

Vingt-trois mille Sciotes avaient été tués. Quarante-sept mille furent destinés à être vendus.

C’est alors qu’intervint Nicolas Starkos. Ses compagnons et lui, après avoir pris leur part des tueries et du pillage, se firent les principaux courtiers de ce trafic, qui allait livrer tout un troupeau humain à l’avidité ottomane. Ce furent les navires de ce renégat, qui servirent à transporter des milliers de malheureux sur les côtes de l’Asie-Mineure et de l’Afrique. C’est par suite de ces odieuses opérations que Nicolas Starkos avait été mis en rapport avec le banquier Elizundo. De là, d’énormes bénéfices,