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l’archipel en feu.

Ce fut alors une véritable lutte de vitesse qui s’établit entre les deux bâtiments. Toute la voilure avait été mise dessus à bord de la Syphanta, bonnettes, ailes de pigeons, contre-cacatois, tout, jusqu’à la voile de civadière. Mais, de son côté, le brick força de toile et maintint imperturbablement sa distance.

« Il a donc une mécanique du diable dans le ventre ! » s’écria le vieux gabier.

La vérité est que l’on commençait à enrager à bord de la corvette, non seulement l’équipage, mais aussi les officiers, et plus qu’eux tous, l’impatient Todros. Vrai Dieu ! il eût donné sa part de prises pour pouvoir amariner ce brick, quelle que fût sa nationalité !

La Syphanta était armée, à l’avant, d’une pièce à très longue portée, qui pouvait envoyer un boulet plein de trente livres à une distance de près de deux milles.

Le commandant d’Albaret — calme, au moins en apparence — donna ordre de tirer.

Le coup partit, mais le boulet, après avoir ricoché, alla tomber à une vingtaine de brasses du brick.

Celui-ci, pour toute réponse, se contenta de gréer ses bonnettes hautes, et il eut bientôt accru la distance qui le séparait de la corvette.

Fallait-il donc renoncer à l’atteindre, aussi bien en