Page:Verne - L’Archipel en feu, 1884.djvu/246

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

238
l’archipel en feu.

faisaient une bonne affaire en les achetant, ils n’en faisaient pas une moins bonne en les rendant à la liberté — pour un très haut prix — surtout ceux dont la valeur se basait sur une certaine situation sociale en leur pays de naissance. Un grand nombre étaient ainsi arrachés à l’esclavage, soit par rédemption publique, lorsque c’était l’État qui les revendait avant leur départ, soit quand les propriétaires traitaient directement avec les familles, soit enfin lorsque les religieux de la Merci, riches des quêtes qu’ils avaient faites dans toute l’Europe, venaient les délivrer jusque dans les principaux centres de la Barbarie. Souvent aussi, des particuliers, animés du même esprit de charité, consacraient une partie de leur fortune à cette œuvre de bienfaisance. En ces derniers temps, même, des sommes considérables, dont la provenance était inconnue, avaient été employées à ces rachats, mais plus spécialement au profit des esclaves d’origine grecque, que les chances de la guerre avaient livrés depuis six ans aux courtiers de l’Afrique et de l’Asie Mineure.

Le marché d’Arkassa se faisait aux enchères publiques. Tous, étrangers et indigènes, y pouvaient prendre part ; mais, ce jour-là, comme les traitants ne venaient opérer que pour le compte des bagnes de la Barbarie, il n’y avait qu’un seul lot de captifs.