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une enchère à scarpanto.

Et les conversations particulières reprirent dans les divers groupes, qui s’observaient non sans défiance. Un quart d’heure s’écoula. Aucune autre surenchère n’avait été mise après Skopélo. Nicolas Starkos, indifférent et hautain, se promenait autour du batistan. Personne ne pouvait douter que, finalement, l’adjudication ne fût faite à son profit, même sans grand débat.

Cependant, le courtier de Smyrne, après avoir préalablement consulté deux ou trois de ses collègues, lança une nouvelle enchère de deux mille sept cents livres.

« Deux mille sept cents livres, répéta le crieur.

– Trois mille ! »

C’était Nicolas Starkos qui avait parlé, cette fois. Que s’était-il donc passé ? Pourquoi intervenait-il personnellement dans la lutte ? D’où venait que sa voix, si froide d’habitude, marquait une violente émotion qui surprit Skopélo lui-même ? On va le savoir. Depuis quelques instants, Nicolas Starkos, après avoir franchi la barrière du batistan, se promenait au milieu des groupes de captifs. La vieille femme, en le voyant s’approcher, s’était plus étroitement encore cachée sous son manteau. Il n’avait donc pas pu la voir.