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l’archipel en feu.

Soudain, un cri éclata de toutes parts, et avec une telle violence qu’il domina un instant les fracas de la mousqueterie.

« À l’abordage ! À l’abordage ! »

Ce combat, corps à corps, devint alors effroyable. Ni les décharges d’espingoles, de pierriers et de fusils, ni les coups de haches et de piques, ne purent empêcher ces enragés, ivres de fureur, avides de sang, de prendre pied sur la corvette. De leurs hunes, ils faisaient un feu plongeant de grenades, qui rendait intenable le pont de la Syphanta, bien qu’elle aussi leur répondit de ses hunes par la main de ses gabiers. Henry d’Albaret se vit assailli de tous côtés. Ses bastingages, bien qu’ils fussent plus élevés que ceux des bricks, furent emportés d’assaut. Les forbans passaient de vergues en vergues, et, trouant les filets de casse-tête, se laissaient affaler sur le pont. Qu’importait que quelques-uns fussent tués avant de l’atteindre ! Leur nombre était tel qu’il n’y paraissait pas.

L’équipage de la corvette, réduit maintenant à moins de deux cents hommes valides, avait à se battre contre plus de six cents.

En effet, les deux bricks servaient incessamment de passage à de nouveaux assaillants, amenés par les embarcations de la flottille. C’était une masse à laquelle il était presque impossible de résister.