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L’ARCHIPEL EN FEU.

Là, Nicolas Siarkos hésita encore. Il était bien résolu, cependant, à revoir jusqu’à la dernière chambre de l’habitation. Mais il fut sourdement fâché de ce qui se passait en lui, d’éprouver comme une sorte de remords. S’il se sentait ému, il se sentait irrité aussi. Il semblait que de ce toit paternel, allait s’échapper comme une protestation contre lui, comme une malédiction dernière !

Aussi, avant de pénétrer dans cette maison, il voulut en faire le tour. La nuit était sombre. Personne ne le voyait, et « il ne se voyait pas lui-même ! » En plein jour, peut-être ne fût-il pas venu ! En pleine nuit, il se sentait plus d’audace à braver ses souvenirs.

Le voilà donc, marchant d’un pas furtif, pareil à un malfaiteur qui chercherait à reconnaître les abords d’une habitation dans laquelle il va porter la ruine, longeant les murs lézardés aux angles, tournant les coins dont l’arête effritée disparaissait sous les mousses, tâtant de la main ces pierres ébranlées, comme pour voir s’il restait encore un peu de vie dans ce cadavre de maison, écoutant, enfin, si le cœur lui battait encore ! Par derrière, l’enclos était plus obscur. Les obliques lueurs du croissant lunaire, qui disparaissait alors, n’auraient pu y arriver.

Nicolas Starkos avait lentement fait le tour. La sombre demeure gardait une sorte de silence inquié-