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triste maison d’un riche.

avaient été attirés, depuis trois ou quatre ans, par les diverses phases de la guerre de l’Indépendance. C’était de Corfou que les uns s’embarquaient pour aller rejoindre. C’était à Corfou que venaient s’installer les autres, auxquels d’excessives fatigues imposaient un repos de quelque temps.

Parmi ces derniers, il convient de citer un jeune Français. Passionné pour cette noble cause, depuis cinq ans, il avait pris une part active et glorieuse aux principaux événements dont la péninsule hellénique était le théâtre.

Henry d’Albaret, lieutenant de vaisseau de la marine royale, un des plus jeunes officiers de son grade, maintenant en congé illimité, était venu se ranger, dès le début de la guerre, sous le drapeau des Philhellènes français. Âgé de vingt-neuf ans, de taille moyenne, d’une constitution robuste, qui le rendait propre à supporter toutes les fatigues du métier de marin, ce jeune officier, par la grâce de ses manières, la distinction de sa personne, la franchise de son regard, le charme de sa physionomie, la sûreté de ses relations, inspirait dès l’abord une sympathie qu’une plus longue intimité ne pouvait qu’accroître.

Henry d’Albaret appartenait à une riche famille, parisienne d’origine. Il avait à peine connu sa mère. Son père était mort à peu près à l’époque de sa ma-