Page:Verne - Le Château des Carpathes.djvu/182

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quelle était enchâssée une ampoule de verre, pleine d’une lumière jaunâtre.

En face de la porte, établie entre deux des piliers, il existait une autre porte, qui était fermée et dont les gros clous, rouillés à leur tête, indiquaient la place où s’appliquait l’armature extérieure des verrous.

Franz se redressa, se traîna jusqu’à cette seconde porte, chercha à en ébranler les lourds montants…

Ses efforts furent inutiles.

Quelques meubles délabrés garnissaient la crypte ; ici, un lit ou plutôt un grabat en vieux cœur de chêne, sur lequel étaient jetés différents objets de literie ; là, un escabeau aux pieds tors, une table fixée au mur par des tenons de fer. Sur la table se trouvaient divers ustensiles, un large broc rempli d’eau, un plat contenant un morceau de venaison froide, une grosse miche de pain, semblable à du biscuit de mer. Dans un coin murmurait une vasque, alimentée par un filet liquide, et dont le trop-plein s’écoulait par une perte ménagée à la base de l’un des piliers.

Ces dispositions préalablement prises n’indiquaient-elles pas qu’un hôte était attendu dans cette crypte, ou plutôt un prisonnier dans cette prison ! Le prisonnier était-il donc Franz, et avait-il été attiré par ruse ?

Dans le désarroi de ses pensées, Franz n’en eut pas même le soupçon. Épuisé par le besoin et la fatigue, il dévora les aliments déposés sur la table, il se désaltéra avec le contenu du broc ; puis il se laissa tomber en travers de ce lit grossier, où un repos de quelques minutes pouvait lui rendre un peu de ses forces.

Mais, lorsqu’il voulut rassembler ses idées, il lui sembla qu’elles s’échappaient comme une eau que sa main aurait voulu retenir.

Devrait-il plutôt attendre le jour pour recommencer ses recherches ? Sa volonté était-elle engourdie à ce point qu’il ne fût plus maître de ses actes ?…

« Non ! se dit-il, je n’attendrai pas !… Au donjon… il faut que j’arrive au donjon cette nuit même !… »