Page:Verne - Le Pays des fourrures.djvu/196

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
186
le pays des fourrures.

Mr. et Mrs. Joliffe, aussitôt sortis de la maison, s’étaient rendus, l’un au chenil, l’autre à l’étable des rennes. Les chiens n’avaient point trop souffert de leur longue séquestration, et ils s’élancèrent en gambadant dans la cour intérieure. Un renne était mort depuis peu de jours. Quant aux autres, quoique un peu amaigris, ils semblaient être dans un bon état de conservation.

« Eh bien, madame, dit le lieutenant à Mrs. Paulina Barnett, qui accompagnait Jasper Hobson, nous voilà tirés d’affaire, et mieux que nous ne pouvions l’espérer !

– Je n’ai jamais désespéré, monsieur Hobson, répondit la voyageuse. Des hommes tels que vos compagnons et vous ne se laisseraient pas vaincre par les misères d’un hivernage !

– Madame, depuis que je vis dans les contrées polaires, reprit le lieutenant Hobson, je n’ai jamais éprouvé un pareil froid, et pour tout dire, s’il eût persévéré quelques jours encore, je crois que nous étions véritablement perdus.

– Alors ce tremblement de terre est venu à propos pour chasser ces maudits ours, dit la voyageuse, et peut-être a-t-il contribué à modifier cette excessive température ?

– Cela est possible, madame, très possible en vérité, répondit le lieutenant. Tous ces phénomènes naturels se tiennent et s’influencent l’un l’autre. Mais, je vous l’avoue, la composition volcanique de ce sol m’inquiète. Je regrette, pour notre établissement, le voisinage de ce volcan en activité. Si ses laves ne peuvent l’atteindre, il provoque du moins des secousses qui le compromettent ! Voyez à quoi ressemble maintenant notre maison !

– Vous la ferez réparer, monsieur Hobson, dès que la belle saison sera venue, répondit Mrs. Paulina Barnett, et vous profiterez de l’expérience pour l’étayer plus solidement.

– Sans doute, madame, mais telle qu’elle est à présent et pendant quelques mois encore, je crains qu’elle ne vous paraisse plus assez confortable !

À moi, monsieur Hobson, répondit en riant Mrs. Paulina Barnett, à moi, une voyageuse ! Je me figurerai que j’habite la cabine d’un bâtiment qui donne la bande, et, du moment que votre maison ne tangue ni ne roule, je n’ai rien à craindre du mal de mer !

– Bien, madame, bien, répondit Jasper Hobson, je n’en suis plus à apprécier votre caractère ! Il est connu de tous ! Par votre énergie morale, par votre humeur charmante, vous avez contribué à nous soutenir pendant ces dures épreuves, mes compagnons et moi, et je vous en remercie en leur nom et au mien !