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le lac du grand-ours.

ment recueillies ; mais ce stock venait précisément d’être dirigé vers les factoreries centrales du Sud, de telle sorte que les magasins du fort Confidence étaient vides en ce moment.

En l’absence du capitaine, ce fut un sergent qui fit à Jasper Hobson les honneurs du fort. Ce sous-officier était précisément le beau-frère du sergent Long, et se nommait Felton. Il se mit entièrement à la disposition du lieutenant, qui, désirant procurer quelque repos à ses compagnons, résolut de demeurer deux ou trois jours au fort Confidence. Les logements ne manquaient pas en l’absence de la petite garnison. Hommes et chiens furent bientôt installés confortablement. La plus belle chambre de la maison principale fut naturellement réservée à Mrs. Paulina Barnett, qui n’eut qu’à se louer des attentions du sergent Felton.

Le premier soin de Jasper Hobson avait été de demander à Felton si quelque parti d’Indiens du Nord ne battait pas en ce moment les rives du Grand-Ours.

« Oui, mon lieutenant, répondit le sergent. On nous a récemment signalé un campement d’Indiens-Lièvres, qui se sont établis sur l’autre pointe septentrionale du lac.

À quelle distance du fort ? demanda Jasper Hobson.

À trente milles environ, répondit le sergent Felton. Est-ce qu’il vous conviendrait d’entrer en relation avec ces indigènes ?

— Sans aucun doute, dit Jasper Hobson. Ces Indiens peuvent me donner d’utiles renseignements sur cette partie du territoire qui confine à la mer Polaire, et que termine le cap Bathurst. Si l’emplacement est propice, c’est là que je compte bâtir notre nouvelle factorerie.

— Eh bien, mon lieutenant, répondit Felton, rien n’est plus facile que de se rendre au campement des Lièvres.

— Par la rive du lac ?

— Non, par les eaux mêmes du lac. Elles sont libres en ce moment et le vent est favorable. Nous mettrons à votre disposition un canot, un matelot pour le conduire, et, en quelques heures, vous aurez atteint le campement indien.

— Bien, sergent, dit Jasper Hobson. J’accepte votre proposition, et demain matin, si vous le voulez…

— Quand il vous conviendra, mon lieutenant », répondit le sergent Felton.

Le départ fut fixé au lendemain matin. Lorsque Mrs. Paulina Barnett eut connaissance de ce projet, elle demanda à Jasper Hobson la permission de l’accompagner, — permission qui, on le pense bien, lui fut accordée avec empressement.