Page:Verne - Le Pilote du Danube, Hetzel, 1920.djvu/168

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

164
LE PILOTE DU DANUBE.

avait déjà sonné, quand elle s’était éloignée dans la direction de Saint-André.

« De Saint-André ? insista Karl Dragoch. Tu en es sûr ?

— Sûr, affirma l’aubergiste.

— On te l’a dit, ou tu l’as vu ?

— Je l’ai vu.

— Hum !… murmura Karl Dragoch, qui ajouta : C’est bon. Remonte te coucher maintenant, mon brave, et tiens ta langue. »

L’aubergiste ne se le fit pas dire deux fois. La porte se referma, et l’escouade de police demeura seule sur la route.

« Un instant ! » commanda Karl Dragoch à ses hommes qui restèrent immobiles, tandis que lui-même, muni d’un fanal, examinait minutieusement le sol.

D’abord, il ne remarqua rien de suspect, mais il n’en fut pas ainsi quand, ayant traversé la route, il en eut atteint le bas côté. En cet endroit, la terre moins foulée par le passage des véhicules, et, d’ailleurs, moins solidement empierrée, avait conservé plus de plasticité. Du premier regard, Karl Dragoch découvrit l’empreinte d’un sabot auquel un clou manquait, et constata que le cheval, propriétaire de cette ferrure incomplète, se dirigeait non pas vers Saint-André, ni vers Gran, mais directement vers le fleuve, par le chemin du Nord. C’est donc par ce chemin que Dragoch s’avança à son tour à la tête de ses hommes.

Trois kilomètres environ avaient été franchis sans incident à travers un pays com-